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Texte :

La Havane, années trente.

Rue débouchant sur les quais comme des jambes de femme. Hautes maisons, fenêtres
à jalousies. Bananiers sur le Vedado. Portillons à claire-voie. Hommes dans les bureaux :
visières américaines et éventails. Cafés à colonnades peintes en bleu. Pas de devanture
ni de porte, ouverts aux quatre vents (façon de parler) comme dans toutes les villes de
cette planète qui commence à Athènes et finit en Asie, où l’on enferme que les femmes.
Piles de pastèques, d’orages et d’ananas. Cigares, tiges de cannes à sucre et cartes postales
obscènes. Jus d’ananas dans un gobelet d’étain à demi rempli de glace. Petits cireurs noirs.
"Courtisanes" à peau noire, le visage couvert de fard rosâtre. Claquement de la langue
pour appeler les clients. Claquement des mains pour appeler le garçon de café (j’allais me
faire très mal voir en pratiquant machinalement cette coutume dans les cafés parisiens, à
mon retour). Joueurs de banjo, mélopées lentes et tristes. Crocodiles dans les bassins.
Grands singes dans le jardin public.

Ce qui me rappelle l’épisode SINGER…