C'est ainsi qu'en franchissant nos frontières ils prenaient ou acceptaient comme ils le désiraient des
boeufs ou des poules, qu'ils allaient et venaient dans des embarcations, qu'ils furent interrogés en
termes polis. On leur fit des cadeaux, sans les inquiéter d'aucune façon. Par conséquent vous vous
montrez ingrats envers nous tandis que je ne le suis pas envers vous. Ceci ne vous suffit pas ; il vous
était nécessaire de vous éloigner, votre retour est malséant. Cette fois vous pillez mes villes, vous
tuez mon peuple, vous détruisez mes biens et mes troupeaux. Jamais on ne vit le Ciel et les lois
violés d'une manière plus grave. De plus, on a dit que vous voulez répandre votre religion dans
mon royaume. Ceci est une faute. Les livres différents ont leurs sentences particulières qui présentent
le vrai et le faux. En quoi nuit-il que je suive ma religion, vous la vôtre ? S'il est blâmable de renier
ses ancêtres, pourquoi venez-vous nous enseigner d'abandonner les nôtres et d'en prendre d'étrangers ?
Si on ne devait pas mettre à mort des hommes qui enseignent de telles choses, on ferait mieux de
renier le Ciel !
Je vous traite comme Yu et Tan traitèrent l'impie Kopey, et vous vous révoltez comme Nysean-yean
envers Tcheou-ouen. Quoique je n'ose pas me comparer à ces rois célèbres, cependant on ne peut
pas passer sous silence ma magnanimité.
Tu te montres maintenant ici avec une armée nombreuse, comme si tu étais l'instrument de la
justice céleste. Viens à la cour : ayons une entrevue et nous déciderons s'il sera nécessaire de
réunir des troupes ou de les renvoyer, d'essayer de la victoire ou de la défaite. Ne fuis pas :
incline-toi et obéis !
La cinquième année du règne de Toung-Tehy, la neuvième lune, le onzième jour."
Ce texte, auquel Zuber reconnaît "un certain bon sens", reçut "une réponse défavorable".