C’est cette image qui apprit à un enfant de sept
ans comment un visage emplissait l’écran était
d’un coup la chose la plus précieuse au monde,
quelque chose qui revenait sans cesse, qui se
mêlait à tous les instants de la vie, dont se dire
le nom et se décrire les traits devenait la plus
nécessaire et délicieuse occupation -en un mot
ce que c’était que l’amour. Le déchiffrement de
ces symptômes bizarres vint plus tard, en même
temps que la découverte du cinéma, si bien
que pour cet enfant devenu grand, le cinéma et
la femme sont restées deux notions absolument
inséparables, et qu’un film sans femme lui est
toujours aussi incompréhensible qu’un opéra
sans musique. Pourquoi ce visage et ce regard
sont-il demeurés inconnus pendant prés de
soixante ans, voila un mystère de plus.