COREENNES_KORTRIG STACK006 + Duplication

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  • Id : 1801
  • Catégorie : PHOTO
  • Séquence : Coréennes_Kortrig
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Texte :

Un autre mandarin s'était adressé au Primauguet. "1l voulut absolument savoir pourquoi nous étions
venus en Corée. On lui répondit qu'on avait uniquement en vue l'observation d'une éclipse de lune
qui devait en effet se produire dans peu  de jours. Il ne parut pas satisfait de cette réponse
..."

Zuber, lui, observait "nos futurs ennemis". I1 les décrit comme des espèces de Zoulous, fascinés
par toutes les merveilles de la technique européenne, particulièrement les bateaux. L'honnête officier
n'était pas forcé de savoir que les Coréens avaient inventé le cuirassé au XVIe siècle, et que leurs
"bateaux-tortues" armés de 72 batteries de côté avaient mis en déroute la flotte japonaise en 1552.
Il y avait certes à méditer sur la grandeur et la décadence des empires, mais si Zuber s'accorde une
réflexion pertinente sur l'abondance des livres dans les maisons, il semble négliger quelques
modestes contributions de la Corée à la culture : invention des caractères mobiles d'imprimerie
et de la gravure sur bois, première encyclopédie nationale, premier observatoire astronomique
(et même, paradoxe en la circonstance, envoi des premiers missionnaires bouddhistes au Japon).
Ces gens d'"éducation négligée" ont à ce point contribué à celle de leur voisin de l'est, que d'autres
visiteurs, découvrant l'art coréen après l'art japonais, inverseront la direction du reflet, comme
ce collectionneur qui trouvait un côté Picasso aux statues nègres. Derrière ces pauvres façades,
les artisans coréens ont mis au point les plus beaux papiers de la terre -tel ce "papier de tribut"
sur lequel Ségalen imprimait sa collection coréenne chez Crès, et qui transportait Claudel :
"Cette espèce de feutre nacré où I'on voit par transparence des algues, des cheveux de femmes,
des nerfs de poissons, des cultures d'étoiles et de bacilles, la vapeur et tout un monde en
formation
..." Quant au métier des armes, l'artilleur flottant eût pu se satisfaire d'apprendre 
que les Coréens avaient utilisé les premiers canons, les premières bombes, et toutes sortes de
machines et d'ustensiles de guerre, comme l'insaisissable étoile à quatre branches dont les
derniers exemplaires resserviraient en 1951, arrachés aux musées, contre les Jeeps américaines.