Cette fidélité au passé, elle vient peut-être de ce que le monde, ici, n'a guère bougé depuis sa création par
Hannanim, le Seigneur Céleste. Si la peinture est superposable à la photo, la légende peut l'être à l'histoire, et le
décor brossé par Hannanim est fait d'un coup de pinceau trop sûr, pour qu'on l'abandonne simplement du fait
que la pièce a changé.
On peut construire une barque neuve sans jeter la mer, dit un proverbe gorgolien. Toute la Corée nouvelle
s'édifie sur une vieille terre mille fois retournée et blessée, sous laquelle s'étendent — comme des rivières
aveugles, comme des lacs de naphte — les âmes lasses des guerriers, les âmes ductiles des amants séparés, les
âmes sceptiques des innombrables lettrés détruits par les pouvoirs.