DEPAYS8 STACK004

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  • Id : 1153
  • Catégorie : PHOTO
  • Séquence : Depays8
  • Card : DEPAYS8 STACK004

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Pas de son

Texte :

Son cosas de mi pais, comme on dit à Cuba. Mon pays imaginaire,
que j'ai peuplé des mythes qui remontent à mon enfance, quand
je lisais Flash Gordon et que l'Utopie, pour moi, c'étaient de grandes
villes rutilantes, parcourues d'avenues surélevées où des gens un peu
chats, un peu Asiates, allaient et venaient sans cesse... Mon pays où
des Asiates un peu chats jouent au base-ball devant des éléphants
en cage, où les villes souterraines sont rafraîchies par des fontaines
bordées d'un clavier de dames pleines et de dames creuses. Un
enregistrement d'oiseau monté en boucle rappelle que, sept étages
au-dessus, les oiseaux existent peut-être. Mon pays où personne
ne démêlera jamais les vélos emmêlés, où l'écrivain public ne recevra
jamais une réponse d'Alain Delon, où le message confié par le cerf
de Nara ne sera jamais transmis, où les gentils gauchistes de Narita
n'arriveront pas plus que les autres à faire de leurs catacombes des
cathédrales - mais où peut-être O Inari, I'Honorable Renard, qui a
son temple entre beaucoup d'autres lieux au sommet du grand
magasin Mitsukoshi, protégera la dame qui est venue le prier en
faisant ses courses, où peut-être l'accordéoniste arrivera au bout de
sa chanson italienne pendant la cérémonie du thé - où peut-être la
flèche arrivera au bout de sa course... mais là, ça n'a plus aucune
importance. Tout est dans le geste du tireur. La flèche n'a pas plus
de but que n'en a la vie : ce qui compte, c'est la politesse envers l'arc.
Telles sont les choses de mon pays, mon pays imaginé, mon pays
que j'ai totalement inventé, totalement investi, mon pays qui me
dépayse au point de n'être plus moi-même que dans ce
dépaysement. Mon dépays.