A gauche, Sara Gomes, dite Sarita, la
première femme, la première femme
noire réalisatrice de films à Cula. A
droite Michèle Firk, étudiante à l'IDHEC
et critique de cinéma à Paris. Dans une
version différente de l'Histoire, l'une
aurait pu rendre compte des films de
l’autre., elles auraient pu se rencontrer
clans les festivals et bavarder gentiment.
Dans cette Histoire-ci, les choses se sont
passées autrement. Michèle s'est donné
la mort en septembre 68 au Guatemala,
où elle avait rejoint la lutte armée, pour
ne pas tomber vivante entre les mains
des policiers. Sarita est morte de façon
qu'on dit naturelle, elle est morte de son
asthme, mais l'asthme ne tue que là où
les lus médicaments n'arrivent pas, et ils
n'arrivaient pas à Cuba à cause du blocus.
en que l'une et l'autre sont mortes
de l'Histoire, et que cette photo qui les
réunit, je ne peux pas la regarder avec
calme. C’est pourquoi sans doute je ne
peux pas non plus, en dépit de tout ce
qui s’est passé depuis, parler de Cuba
et de ces années-là avec le calme, le
détachement et l'objectivité qui font
honneur au véritable intellectuel.