TOKIO, 12 avril, (Reuter-U.P.-A.P.) _ C’est en proie à une émotion
violente que, toujours licencieux, le général Mac Arthur a quitté son Q.G.,
hier soir, après avoir passé ses consignes à son chef d’état-major, le gé-
néral Hickey. La garde d’honneur devant laquelle il passait pour gagner
sa limousine, avait peine à contenir la foule. Le général à salué simple-
Comme on voit, l’événement troublait jusqu’aux typographes. « La Troisième
Guerre Mondiale est commencée. Elle a débuté en Corée » écrivait Marguerite
Higgins. Le général Bradley était moins claironnant : « Wrong war, in the wrong
place, at the wrong time, and with the wrong enemy. » Il faut dire qu’une
certaine différence de mentalité pouvait apparaitre, à des yeux objectifs, entre le
soldat chinois assuré de bouter l’impérialiste hors du continent asiatique, et le
gung bo roaring Marine qui écrivait: « Je n’ai rien contre les Chinois …
Personne ne s’est jamais donné la peine de nous dire pourquoi nous devrions
être en colère. Une histoire à-propos des Nations Unies, ou quelque chose
comme ça … Et d’agresseurs, et tout … Je ne sais pas. Et je suis prêt à parier que
personne ici n’en sait d’avantage » (Martin Russ-The Last Parallel). A défaut
d’informations, on mobilisait la Liberté de Delacroix et le péril jaune (ROKs
excluded), et le Christ apparaissait dans le ciel de Corée (Paris-Match du 20
octobre 1951). Dans les camps de prisonniers, des spécialistes de l’Action
Psychologique soumettaient les Gooks au test de Rorschach pour dépister les
communistes, et d’autres spécialistes publiaient des statistiques : « deux sur cinq
des volontaires chinois sont tuberculeux et un sur cinq est atteint de
déséquilibre mental ». On ne possède malheureusement pas de statistique en
ce qui concerne les spécialistes de l’Action Psychologique.