Le tir à l'arc reste le sport d'élite. L'arc de corne de buffle et de bambou, deux fois
courbé, obéit à l'oeil plus qu'à la main. Une fois le regard bien enfoncé dans le milieu
de la cible, la flèche n'a plus qu'à suivre.
Des après-midi entiers, les hommes (plusieurs vieillards parmi eux) criblent la planche
dressée à 150 mètres parmi les pierres nues, presque mouvantes sous le soleil. Le coup
au but retourne un écho bref, un bruit de pistolet à bouchon. Des gens se promènent
au pied de l'aire de tir, sous le déluge des flèches, indifférents à ce qui s'amasse
au-dessus de leurs têtes comme les cavaliers du Triomphe de la Mort.