La première Coréenne descendit du ciel. Une gentille
rose plate, assez éloignée de l'archétype (Indigenae
candidi sunt, et procerae staturae, dit l'Atlas de
Mercator) et seule entre toutes à trahir cette lointaine
origine toungouse que les ethnologues attribuent à son
ancêtre, le demi-dieu Tangun (2332 B.C.) . Sans doute
l'orientation professionnelle coréenne avait-elle dépisté
dans ce mélange de traits la vocation même du Droguiste
d'lntermezzo , celle de transition.
La ligne d'Eixtrême-Orient est gardée par des jeunes filles :
Olga, à Omsk, bergère de Tupolev -Macha, à Chita, menant
paître les bimoteurs dans l'aube violette de Mongolie.
Dernière relayeuse, Lotus-de-l'air nous fit traverser la Chine
en séton : les assemblées de chameaux incrédules, giflés par
l'ombre de l'Iliouchine, les carrés de soie tartare séchant
auprès des yourtes, le tonnerre pétrifié de la Grande Muraille
qu'un train, silencieux pour nous, assiégeait de son cri blanc.
Kalmuki murus contra Tartaros. Un autre mur de poussière
rose et blanche, brique et mercure : sur la rivière Dai-Dong,
devant le pont rebâti par les Volontaires Chinois, un pêcheur
laissait filer sa nasse entre ses doigts, grain par grain, comme
un chapelet. Soft morning, city. Tolérante jusqu'envers ses
poncifs, la Corée nous accueillait…