Cela se passait en 1955, et tout le monde était curieux de cette Chine nouvelle. Les
protestations d'amitié sino-soviétiques ne nous faisaient pas oublier que Staline avait
toujours sous-estimé le parti communiste chinois, quand il ne l'avait pas carrément
trahi. Et Malraux avait gravé dans nos mémoires une liturgie révolutionnaire plus
vivace que les oeuvres de Mao. Avouons-le tout de suite : interroger cette Chine à
peine naissante, c'était aussi jouer Malraux contre Staline. Le Malraux de 1927 bien
sûr, celui que nous imaginions presque aussi bien qu'il s'était lui-même imaginé.