FRANCISCO DE QUEVEDO
Brûler toujours sans me consummer
Pleurer toujours, sans jamais en finir,
Marcher toujours, et sans me fatiguer,
Et toujours vivre, et ne jamais mourir.
Tant fait de mal, et sans me repentir,
Tant de mensonge, et sans me démentir,
Après tant de chagrin, pas une joie
Et après tant de douleur, pas un rire.
Un labyrinthe, et ne pouvoir m’y perdre,
Ni, après tant d’oubli, me souvenir.
A quel bonheur peut ma fin me promettre ?
Plus tôt serait un mort qu’un repenti.
Il n’est plus temps alors de me défendre
Mais d’être seul et d’être inconsolé.
2ème poème :
Quoi de la vie ? Pas de réponse ?
Ici, les hiers que j’ai vécus !
Le hasard a mordu dans mes jours
Et le temps, ma folie le cache.
Ne pas savoir, comment ni où
La force et l’âge se sont enfuis !
A la place de vivre, l’avoir-vécu,
Et tous les malheurs aux aguets …
Hier s’en est allé, demain n’est pas encore,
Aujourd’hui passe, inflexible,
Je suis celui qui fut, qui sera, qui fatigue.
En l’aujourd’hui l’hier et le demain, j’unis l
es langues et le linceul, et j’ai gardé,
présentes, les dépouilles d’un mort.