San Francisco est un personnage à part entière du film. Samuel Taylor,
le scénariste m’écrivait qu’Hitchcock certes aimait la ville, mais en
connaissait "ce qu’il voyait dans les restaurants et par les fenêtres des hôtels
et des limousines". Il était "what you might call a sedentary person".
Pourtant il avait décidé d’utiliser Mission Dolores et, assez étrangement, la
maison de Lombard street où habite Scottie "à cause de la porte rouge".
Taylor était amoureux de sa ville (Alec Coppel, le premier scénariste, étant
"a transplanted englishman", il a mis cet amour dans l’écriture du
scénario, et peut être plus encore, si j’en crois une phrase assez cryptique
à la fin de sa lettre "I rewrote the script at the same time that i explored
San Francisco and recaptured my past"… Des mots qui pourraient
s’appliquer aux personnages autant qu’à l’auteur, et qui permettent
d’interpréter comme un nouveau bémol à la clé cette indication donnée
par Gavin au début du film, quand il décrit à Scottie les errances de
madeleine qui reste longtemps à scruter, de l’autre côté de Lloyd Lake,
des piliers au nom emblématique : the Portals of the Past