Avant de clore cette séquence Poésie, trois moments encore, puisque la poésie est moins
affaire de territoires que de moments. Tu te souviens de Valentin Silvestrov faisant répéter
une de ses mélodies, les plus belles de la musique russe depuis Sans Soleil, composée sur
les vers de Mandelstam. Tu te souviens d'avoir trouvé dans une ligne de René Char la
définition de la poésie la plus perçante que tu aies jamais lu. Tu te souviens de celle qui
justement décrivait ses journées par "moments", qu'elle ne colorait pas avec des adjectifs
mais avec des noms de poètes. Il y avait un moment Valéry, un moment Supervielle. Il y
avait un moment Aragon.