Et voilà que le mécanisme de la
mémoire s'emballe, et voilà
comment s'accomplit ce que nous
appellerons le miracle de la
madeleine : tout d'un coup tu te dis
que tu es peut-être le dernier
humain à te souvenir de la musique
de Vittorio Rieti, et qu'ici-même t'est
offerte l'occasion de la faire
entendre à d'autres oreilles
humaines… Modeste miracle en
vérité, mais pas moins légitime dans
le grand ordre des choses ("Dieu est
dans les détails" dit la Kabbale)
qu'une trace de doigt rupestre ou un
os de tsar… A la fin du premier acte,
la pendule de Kid Jackson rachetée
par le producteur -génial Dalio- se
mettait à sonner. "Une pendule qui
n'avait pas sonné depuis cent ans !"
disait Jouvet. Ici, sous votre curseur,
écoutez un air jamais entendu
depuis soixante ans…
A ce moment éclate du dehors le choeur joyeux des
pirates
Nargue la mer, nargue le sort,
Nargue la fille et la tempête,
Sache que la potence est prête,
L’espoir est puni de mort.
Silence.
et dont la trace sonore ressemble au sillage d'un navire