DEPAYS1 stack011 + Duplication

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  • Id : 1612
  • Catégorie : PHOTO
  • Séquence : Depays1
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Texte :

ils voyaient les hommes, ces animaux. Pour les chats, il n'était
pas si sûr que leur humain représente une personne unique :
plutôt une espèce de troupeau, dont ils venaient vérifier avec
curiosité s'il se présentait toujours dans le même ordre, vertical ou
horizontal, ici la tête, ici les pieds. Pour la choüette, nous étions
peut-être de grandes ombres indistinctes, pas hostiles, mais
indéchiffrables. Pendant qu'elle luttait pour retrouver le souffle,
pendant que pour la première fois le vertige de la mort entrait
dans sa tête de choüette, ses yeux disaient "ombre, tu me tues,
ombre, tu m'abandonnes" et sa dernière convuision a refermé
sur ton doigt un nœud de serres aiguës, fatales aux rongeurs.
Ton doigt est resté bleu pendant des semaines, bleu comme le
chat russe, comme la Tozai Line, et longtemps tu as porté sur
toi ce signe, lent à s'effacer, comme un remords.

D'autres ce soir boivent peut-être à la mort des rois, à la mort
des empires. Nous, à Shinjuku, buvons à la mort des chats et
des choüettes. Quoi de plus naturel ? A un quart d'heure de
marche, et sans sortir de Shinjuku, nous trouverions le temple
de Ji Cho In, à Nishi Ochiai, où l'on prie pour les chats du monde
entier. Un superbe maneki neko, le chat-qui-salue, mascotte des
commerçants avisés et des prostituées attentives, veille à la porte
du sanctuaire. Le bonze dévoile pour quelque obole les statues de
chats offertes - au XVIe siècle par un chef de guerre dont la route
avait été coupée par un chat noir (et qui, au lieu d'y voir un
mauvais présage comme n'importe quel Européen borné, suivit
le chat et fut guidé vers une position stratégique qui lui fit remporter