Lever à 5 heures, faux café (à Cuba … ) et camion pour être au champ de canne avant que
le manteau de la chaleur ne commence à nous envelopper. On pense qu’aujourd’hui ce sera
supportable, même lorsque ça commence à taper on compare, on se dit qu’hier à la même
heure c’était pire. Et puis vient le moment où on ne se dit plus rien, la chaleur a fermé son
manteau et on flotte à l’intérieur de soi-même dans une torpeur qui gagne jusqu’au sang. On
ne sent même plus le poids du machete parce que le bras lui-même n’est que poids, et le
corps au bout du bras, et le champ de canne et la montagne et au-delà toute la province
d’Oriente ne sont plus qu’un seul poids qui vous entraine au fond d’une rivière de torpeur,
et vous êtes la rivière.